En collectant la mémoire locale, on est frappé par la multiplicité des usages que nos anciens avaient su maîtriser.

Utilisation pour les toitures en couverture végétale

Le genêt était utilisé en remplacement du chaume dans notre montagne, pour couvrir les toitures. Sur un tressage de branches de hêtres, on coinçait des régergues et sur ces genêts purgatifs on enfilait les genêts à balais

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La jasse de Payrac couverte de genêts

Utilisation comme combustible

Du temps où y avait une cheminée en fonctionnement, il y avait dans les maisons un tas de genêts pour en prélever un chaque matin afin d’allumer le feu.

A Narulle, la photo ci-après, datant d’un siècle, montre un très gros tas de genêts devant la maison, excédant les besoins pour allumer le feu. Ces genêts étaient utilisés pour chauffer le four en pierres, lequel ne devait pas être évident à faire monter en température. Le bail des fermiers prévoyait d’ailleurs l’usage exclusif de genêts pour chauffer le four, l’objectif étant d’économiser au maximum le bois dont le propriétaire se réservait l’usage.

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Pour l’assolement des terrains

Les nodosités des racines abritent des bactéries qui fixent l’azote atmosphérique, sous forme de nitrates assimilables par les genêts eux-mêmes, mais aussi par les autres plantes. C’est ainsi que le genêt améliore les sols, comme d’autres Fabacées utilisées en assolement dans ce but (trèfle, luzerne, sainfoin).

Je me souviens qu’il y a un demi-siècle, mon père défrichait à Narulle des parcelles couvertes de genêts pour y semer le seigle. Le terrain se reposait deux ou trois ans, le temps de se couvrir à nouveau de genêts. C’était un assolement différent de celui des meilleures terres, où le cycle comportait au contraire pommes de terre, blé, avoine, prairie artificielle de trèfle pendant deux ans et on recommençait.

Pour faire des balais

Le mot balai vient du mot gaulois « balam » qui veut dire « genêt », car les balais étaient dès l’origine faits avec des genêts. La fabrication de balais a été importante. Jusqu’aux années récentes, le balai présent près de la cheminée pour repousser ou extraire les cendres était en genêt. Idem pour les étables.

Mais lorsque c’était possible, le réguergue, genêt plus résistant était préféré pour cet usage.

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Le (à gauche) est un genêt poussant lentement sur les sols pauvres. Ses branches sont plus résistantes. À droite balai fait par Marcel Cauquil. Aquarelles de Marie-Reine Azéma.

Le pinceau du pauvre,

Henry Mas indique: Les rameaux du genêt, groupés, servaient, autrefois, de moyen du pauvre pour badigeonner l’intérieur des maisons, la chaux dans les étables comme pour disperser le « sulfate » sur les pommes de terre.

Le nid insecticide

François Cros indique qu’à Escroux et dans les alentours dans les pigeonniers, on mettait à la disposition des pigeons du genêt haché que les oiseaux utilisaient pour faire le nid. Cette pratique avait une action insecticide.

Pour lier un fagot de branches

Un usage très ancien du genêt : faire des attaches pour les fagots de rame. Egalement le tressage pour la fabrication de paniers.

Pour faire suer les châtaignes

Claude Blayac raconte que son grand-père mettait des genêts verts sur la feu pour faire suer les châtaignes.

Pour teinter en noir une pièce métallique ou pour teindre

Pour ma part, un jour que je voulais peindre en noir un objet métallique, mon père m’a conseillé de le placer au-dessus d’un feu de genêts verts et en effet ce fut très efficace.

Les fleurs et les jeunes rameaux sont utilisables en teinture (couleur jaune) à partir du Genêt des teinturiers (Genista tinctoria). Un de mes amis provençal me signale que du temps des imprimeries d’indienne (un de ses ancêtres est venu de Smyrne pour pratiquer ce métier à Marseille puis à Aix), on l’utilisait aussi comme teinture jaune. Alain Robert se demande, à juste titre si la ferme du teinturier au-dessus de Candoubre ne serait pas liée à une utilisation de nos genêts pour cet objet.

Utilisation comme aliment pour les animaux

Quand j’étais adolescent, ma mère m’envoyait faire des fagots de genêts pour nourrir les lapins. Le genêt sur pied était ainsi utilisé comme fourrage d’hiver pour le petit bétail.

Utilisation comme fibre textile

La fibre de genêt est une fibre végétale utilisée comme fibre textile dans les contrées où la terre est acide, au même titre que le chanvre cultivé autrefois chez nous dans les canabières (ou chènevrières), mais sur des terres moins acides. La fibre de genêt résiste mieux aux intempéries. Les manteaux de nos anciens (las brisaudas) étaient faits avec.

sans-titrePhoto prise par Jules Lasaires d’un Ancien près de Barre vers 1900

L’ornement des processions

Les processions de la Fête-Dieu et celle du Saint-Sacrement nécessitaient une grande quantité de fleurs. Comme elles avaient lieu au moment où ces plantes étaient en fleurs, on coupait en grande quantité genêts et marguerites.

Une tige pour traiter au printemps une brebis costugada (Phonétiquement coustugado)

C’est-à-dire une brebis qui, au printemps, avait vu gonfler anormalement sa panse. On prenait une jeune pousse de genêt qu’on mettait dans la bouche de la brebis en l’attachant derrière les oreilles. La brebis faisait des renvois et se dégonflait. Costugat = gonflé, météorisé. Donc una feda costugada

Pour tester la qualité du jambon

La tradition rapporte que, vers La Salvetat, pour connaître la qualité d’un jambon, à défaut d’avoir une grosse aiguille, on affûtait un bout de tige de genêt que l’on faisait sécher et ensuite on avait une tige sans odeur que l’on enfonçait dans le jambon pour ensuite humer sa qualité.

Pour aider le semeur per selhonar

Quand on semait les champs à la main, il fallait marquer avec des repères les sillons. Pour cela on marquait les passages à déliiter avec des bouts de genêts pour éviter de semer deux fois au même endroit.

Le genêt météorologue

Marcel Cauquil m’a indiqué que la tradition orale rapportait que si les genêts fleurissaient en fin d’automne, cela annonçait un hiver très froid. Les vastes espaces de genêts de Bonabou ont fleuri en fin 2011, et effectivement, en février 2012, il y a eu un climat particulièrement rigoureux avec des arbustes qui n’ont pas survécu.

Le genêt protégeant les navets des pucerons

Pour cela on piquait dans le sol des tiges de genêts et les pucerons s’intéressaient à ces tiges et non aux navets !Ceux qui veulent plus de détail peuvent se procurer l’ouvrage LA NATURE SAUVAGE : TRÉSOR APPRIVOISÉ POUR NOS ANCIENS (Edit CRPR) 12€  rieumontagne@ccmlhl.fr

 

 

 

Categories: Nature

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