Photos et vidéos d’Anthony Alliès Attractions Terrestres
À la fête du biaïs de Payrac, Gisèle Cavaillès a fait une démonstration de lessive à l’ancienne.
Il faut savoir que la cendre de bois contient 2 à 8 % de potasse. La première étape consiste à mettre de la cendre dans un linge sur lequel on verse de l’eau bouillante. La cendre est lessivée et la potasse qu’elle contient est emportée dans le liquide récupéré. En faisant l’opération plusieurs fois la potasse est entièrement enlevée.
Ensuite on fait bouillir le linge à laver dans le liquide récupéré. La potasse transforme les corps gras en savon.
Il faut veiller à ce que les cendres soient des cendres de bois blanc, sinon avec des cendres de chêne ou de châtaignier, le linge porterait les traces du tanin !



On trouve mémoire des cendres entrant dans la composition des savons dans les délibérations du conseil de Murat sous la Révolution. Les citoyens qui donnaient des cendres recevaient en contrepartie du savon.
« Le 26 brumaire de l’an trois de la république française une et indivisible, en assemblée publique de municipalité, il a été proposé de procéder à la répartition du savon reçu en deux fois de Brassac. Et l’agent national présent et entendu, il a été délibéré qu’afin d’encourager le versement des cendres requises pour la fabrication du savon dans cette commune, il serait donné à chaque citoyen qui verserait des cendres du savon en conséquence, savoir une livre pour un quintal, demi livre pour demi quintal et quatre onces pour 25 livres. La quantité de savon reçue ayant considérablement diminué par l’effet de la sécheresse du lieu où il avait été placé, distraction faite de ce qui a été remis à la municipalité de Cabannes. Le reste a été divisé en 98 morceaux d’une livre chacun et 145 morceaux d’une demi livre dont la distribution sera faite de la manière indiquée ci-dessus désignée, dans l’ordre du versement des cendres et à mesure qu’on se présentera pour les recevoir : il a été de plus arrêté que l’excédent du prix des cendres sur la valeur réelle du savon serait payée à chacun, dès qu’on aurait reçu du district les sommes nécessaires pour y subvenir et ont signé les membres présents. »
Pour comprendre ce que viennent faire les cendres dans cette affaire, reportons-nous à l’Encyclopédie de Diderot publiée avant la Révolution : « On sait que le savon dans ce pays-ci n’est autre chose que de l’huile d’olives unie par la cuisson au sel de la soude ; et dans les pays froids où le sel de la soude et l’huile d’olives sont fort chers, l’on substitue à la place de l’un le sel lixiviel du bois de chêne, et à la place de l’autre le suif des animaux, qui produisent un savon aussi blanc, aussi dur et aussi bon pour le blanchissage que celui qui est fait avec l’huile d’olives. Dans la composition de notre savon, il paraît qu’une livre de savon peut contenir dix onces un gros cinquante-six grains d’huile, quatre onces trois gros quarante grains de sel alkali, et une once deux gros quarante-huit grains d’eau. Le savon est donc composé d’huile et de sel alkali, unis de façon que ces deux substances peuvent se dissoudre en même temps dans l’eau, et former un mélange homogène, où il ne paraît aucune marque de l’une ni de l’autre. Or le savon a cette propriété, c’est que mêlé intimement avec des huiles, des corps huileux, des résines, des matières résineuses, des gommes, des substances gommeuses, des gommes-résines, et d’autres corps tenaces, dans la composition desquels ces diverses substances entrent, il fait qu’ils se mêlent et se délaient dans l’eau, et qu’ainsi ils peuvent être détachés des autres corps auxquels ils sont adhérents. Par conséquent l’eau ne dissout pas seulement les véritables savons, mais mêlée avec eux, elle acquiert le pouvoir de dissoudre certains corps, qu’elle n’aurait pas pu dissoudre autrement. Le savon augmente donc considérablement la force dissolvante de l’eau.»