VOILÀ QUELS SONT LES COMMENTAIRES DE CETTE CARTE QUI NE REPRENNENT PAS LES DERNIERS ÉLÉMENTS D’ACTUALITÉ, MAIS FOURNISSENT LES FONDAMENTAUX ET APPORTENT DES PRÉCISIONS HISTORIQUES

Les ressources des aquifères sont conditionnées par divers facteurs dont les principaux sont : la pluie efficace (quantité d’eau de pluie qui s’infiltre dans le sol), les conditions d’alimentation aux limites de l’aquifère (relations avec les rivières et/ou d’autres aquifères), la po- rosité et la perméabilité, la solubilité des roches carbonatées (karstification), la structure des corps sédimentaires et leur fracturation, l’évolution géomorphologique des aires d’affleurement. 

Dans le cadre de la feuille, les deux catégories de réservoirs aquifères déterminés correspondent à des grands ensembles lithologiques. Ce sont : 

– des réservoirs karstiques à porosité de fissures et de chenaux dans les formations carbonatées du Cambrien inférieur (k2a1, k2a2) et, dans une moindre mesure, du Cambrien inférieur sommital au Cambrien moyen (k2b2-3). Les roches carbonatées de la formation de Nages en zone axiale peuvent être karstifiées (galerie EDF de Brassac); 

– des réservoirs à porosité d’interstices dans les altérations du socle cristallophyllien et les alluvions des vallées. 

Ces aquifères ont fait l’objet d’une description détaillée dans le cadre de l’évaluation des ressources hydrauliques du département du Tarn par le BRGM (Soulé, 1980). 

Aquifères du socle 

• Réservoirs à porosité d’interstices. Le Paléozoïque inférieur et les terrains cristallophylliens de la feuille sont constitués de formations sédimentaires, volcano-sédimentaires, volcaniques, et de roches cris- tallines, qui sont imperméables dans leur masse. Seule la frange d’al- tération superficielle peut présenter une certaine perméabilité et consti- tuer un réservoir aquifère. 

À l’image des matériaux dont elles sont issues, les formations d’al- térations superficielles sont très diversifiées; on peut les classer en deux groupes:
– les arènes de roches grenues (granite, gneiss) et leurs colluvions, parfois associées à des éboulis affleurants principalement dans la zone axiale; 

– les limons d’altération des roches volcaniques et schisteuses, af- fleurant essentiellement dans les unités des monts de Lacaune. 

Au point de vue des possibilités aquifères, les arènes issues des granites et des gneiss sont plus aptes à maintenir un écoulement de surface, que les altérites issues du milieu schisteux (Grano, 1979). 

Les écoulements issus de ces aquifères, qui s’effectuent suivant les pentes, donnent généralement de nombreuses petites sources (débit inférieur à 1Is); localement, lorsque les pentes deviennent plus im- portantes, des accumulations d’éboulis et d’arènes colluvionnées peu- vent donner des sources plus importantes. 

Les fractures qui affectent le substratum, associées ou non aux filons de quartz notamment, peuvent également jouer le rôle de drains préférentiels comme le démontrent certains forages (Montroucous, puech de Rascas, etc.). 

• Réservoirs karstiques. Les formations carbonatées des monts de Lacaune constituent d’étroites bandes qui alternent avec les autres formations du Paléozoïque inférieur. Cette disposition est à l’origine de systèmes karstiques bien individualisés dans chacune de ces bandes. 

Le ruisseau d’En-Réveillé draine un bassin versant d’une dizaine de kilomètres carrés qui s’étend des bois de la Peyre-Blanque au col de Sié. Il disparaît en partie dans le sous-sol, à l’Est de la ville de Lacaune, lorsque son lit s’établit dans les formations carbonatées du Cambrien inférieur. Il réapparaît à la résurgence du Gijou (5011s à l’étiage) après avoir circulé dans un dédale de galeries creusées sous la ville de Lacaune. Les grottes de Lembas (987-2-20) et de Saint- Michel (987-3-2) sont des regards sur ce trajet souterrain. 

Aquifère des alluvions des vallées principales 

Les vallées du Gijou (aval de Gijounet), de l’Agout et de la Vèbre possèdent des dépôts alluviaux récents (Fz), qui constituent un aquifère généralement subordonné à la rivière, pouvant être capté par des puits. Les captages pour adductions d’eau potable de Lacaze (puits 987-1-7) et de Viane (puits 987-1-19) sont issus de cet aquifère. 

Captage de l’eau par forage 

Le développement, ces dernières années, des techniques de forage à l’air, non colmatantes pour les aquifères à faible porosité, permet d’effectuer des forages de recherche ou de production à faible coût. Les débits obtenus (1 à 5m31h) sont suffisants pour l’alimentation de hameaux et de fermes isolées. Il existe des zones préférentielles, pouvant optimiser les chances de succès de ce type de captage, que seule une étude géologique peut déceler (fissuration, épaisseur des altérites, etc.). 

Les résultats des principaux forages sont donnés dans le tableau III (en annexe). 

Sources thermales et minérales 

Pour leurs qualités physico-chimiques (composants chimiques naturels, température) ou leur pureté bactériologique, certaines eaux de la région ont été ou sont exploitées. 

Dans le Tarn, à Lacaune, il existe une source d’eau thermale, la «source de Bel-Air» qui, à la fin du siècle dernier, donna à «Lacaune- les-Bains» une grande réputation. 

Dans l’Hérault, en zone axiale métamorphique, les sources thermo- minérale de Rieumajou se situent en bordure de la retenue artificielle de la Raviège, près du port de plaisance de La Salvetat-sur-Agout. 

• Source thermominérale de Lacaune. C’est en 1609, à l’occasion de travaux de réfection du réservoir permettant l’arrosage des prairies de Bel-Air, 1200 m à l’Est de Lacaune, que l’on constata l’existence d’une très ancienne construction ayant toute l’apparence d’une piscine d’époque gallo-romaine. La source qui alimentait le réservoir était abondante et tiède, et il est probable que les Romains, grands amateurs de thermalisme, ont profité de la situation pour y aménager des thermes. L’idée en sera d’ailleurs reprise plus tard par M. Jolibois en 1887. 

En 1610, l’assemblée diocésaine de Castres accorda une somme de 100 livres pour réaliser des travaux d’amélioration à la piscine existante et la communauté de Lacaune ajouta une somme égale. En 1635, l’évêque de Castres, qui souffrait de la gravelle, vint prendre les bains à Lacaune. Satisfait des résultats de cette cure, il accorda en 1636, une somme de 1500 livres pour la construction de deux piscines couvertes, l’une pour le peuple où les pauvres pouvaient se baigner gratuitement, l’autre pour les gens de qualité. 

Les anciens thermes firent l’objet de nombreuses tentatives d’ex- ploitation. En 1804, Joseph TerraI sollicitait l’autorisation de faire analyser et exploiter une source d’eau thermominérale qui émergeait en trois griffons, voisins d’un filon de roche éruptive verte, dans une prairie appelée le «Pré-des-Pauvres». 

En 1826, le préfet du Tarn s’informait auprès du maire de Lacaune d’une source d’eau chaude sur le territoire de sa commune et deman- dait qu’on lui adressa un rapport sur la nature, le débit, la température de cette eau. 

Trente ans plus tard, François Fouré obtint, en concession pour une durée de 99 ans, l’exploitation des eaux minérales qui émergeaient dans le «Pré-des-Pauvres» et édifia un établissement composé de deux piscines, deux chauffoirs et trente-deux baignoires. Cependant, ni F. Fouré ni M. d’Orient de Bellegarde, son successeur, ne purent obtenir l’autorisation légale d’exploitation et l’établissement thermal cessa son activité. 

En 1874, le comte Ludovic de Naurois se porta acquéreur de la source, de l’établissement de bains ainsi que des terrains environnants, et s’employa à développer la station thermale. Vers les années 1890, les bains de Lacaune connurent une ère de splendeur. 

En 1895, un incendie ravagea l’aile gauche de l’établissement qui comportait trois niveaux. Elle fut rapidement rénovée mais ne com- porta plus que deux étages. 

Vers 1912, survinrent des difficultés de gestion, accompagnées de difficultés financières. La guerre de 1914 débutant en pleine saison estivale, précipita la décadence de l’établissement. Une organisation humanitaire des USA, dont le but était de secourir les enfants évacués des zones occupées ou dangereuses, loua les bâtiments pour y accueillir les enfants. Sous contrôle de l’administration américaine, Mlle Louise de Rose, nièce de M. de Naurois, dirigea le nouvel établissement et à la fin des hostilités, après le départ des Américains, poursuivit ses activités et en fit un préventorium qui prit le nom de «Saint-Michel». Celui-ci connut une ère de prospérité entre les deux guerres; plus de 300 enfants y séjournaient. Après Mlle de Rose, la direction passa entre les mains de M. Huon de Sevin qui en fit un aérium. 

En 1982, l’établissement fut acheté par la municipalité de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) et aménagé en centre de loisirs pour les adultes et les enfants de sa commune. 

Des travaux de recherches, entrepris par la municipalité de Lacaune, sont actuellement en cours, en vue d’une relance du thermalisme (projet de recaptage par sondage de la source). 

Les eaux de la source de Bel-Air, faiblement minéralisées, sont bicarbonatées calco-magnésiennes. Elles sortent par 4 griffons dans les alluvions à une température d’environ 20°C en hiver et 24°C en été. Le débit est de l’ordre de 27m3jh (test de pompage en mars 1989). 

La source se situe dans une région géologiquement complexe, à l’intersection de deux importants systèmes de failles verticalisées, de directions respectives WNW-ESE (accident régional important) et NNW-SSE. Ces accidents recoupent ici les formations du Cambrien inférieur: calcaires et dolomies massifs du K2a1 et schistes à horizons carbonatés du k2b2-3. 

• Eaux thermominérales de Rieumajou. Les eaux sortent de trois groupes de griffons aménagés qui ont donné lieu, à partir de 1846, à une première période d’exploitation: cures thermales et embouteillage. Cette activité a été abandonnée à la veille de la deuxième guerre mondiale. 

Le site a été repris en 1990 par la Société des eaux minérales d’Evian pour embouteillage de l’eau, qui est commercialisée sous le nom de «Salvetat». L’exploitation du gisement se fait à partir de deux forages. 

Les eaux, d’origine profonde, migrent en surface à la faveur de l’intersection d’une structure gneissique dominante orientée NE-SW et d’une faille de direction N15°E. Les gneiss carbonatés traversés par ces eaux sont fortement décalcifiés par celles-ci. 

Les eaux sont relativement minéralisées (résidu sec voisin de 1 gramme de sel par litre). Elles sont bicarbonatées calciques et riches en gaz carbonique. 

• Eaux minérales. Dans les environs de Lacaune, les vertus diurétiques des eaux de montagne étaient connues depuis le Moyen-Âge; la «foun des Pissaïres» à Lacaune en est l’illustration pittoresque. 

L’eau du Montroucous, à environ 5km de Lacaune, jaillit à 927 m d’altitude au cœur de la forêt domaniale, dans le parc naturel régional du Haut-Languedoc. 

De grande pureté, riche en oligo-éléments, légèrement acide, faiblement minéralisée et peu sodée, elle est susceptible d’une large utilisation dans le domaine de la diététique et en milieu médical. 

Embouteillée depuis 1977, elle est commercialisée en qualité d’eau de source : en 1987, on a dépassé les 5 millions de bouteilles, dont 16% ont été exportées (Europe du Nord, Amérique du Nord et Tahiti). 

Il existe également à proximité de Lacaune, une source d’eau minérale ferrugineuse, la «source Rouge», qui sourd des schistes noirs ardoisiers, généralement très pyriteux. 

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