GITES ET INDICES MINERAUX
Les gîtes et indices minéraux sont rares sur la feuille Lacaune (cf tabl. IV, en annexe); aucun d’eux n’a donné lieu à une recherche importante ni a fortiori à une exploitation à l’époque moderne. Ils relèvent généralement de simples travaux de prospection générale ou d’inventaire systématique (géochimique et/ ou alluvionnaire).
Dans la zone axiale, on signale des traces de scheelite dispersées dans les gneiss-à-silicates-calciques et quelques minéraux et substances utiles : monazite à europium dans les alluvions autour de Capette, béryl, lépidolite, tourmaline et apatite dans les filons de pegmatite de la Croix de Saint-Julien et du Clap, à l’Est de Castelnau-de-Brassac. Le granite du Montalet et ses aplites renferment parfois des mouches de molybdénite.
Les formations paléozoïques des monts de Lacaune renferment essentiellement quatre types d’indices:
– des indices à blende disséminée, parfois accompagnée de galène, de pyrite et localement de fluorine. Encaissés dans les calcaires et les schistes noirs du Cambrien inférieur, ils se matérialisent surtout par de vastes anomalies géochimiques «formationnelles» zincifères et s’expriment sous forme de «remobilisations» – recristallisations hercyniennes – dans les fractures et les plans de schistosité régionale: indices d’Espérausse, du Bouissas (carrière Oulès), de la Garrigue, de Calmels (blende, pyrite, galène dans les dolomies) ou encore à la carrière de la Font-Blanque près de Moulin-Mage (blende, galène, fluorine violette à la partie supérieure des calcaires);
– des indices de scheelite associée au mispickel et à la pyrite qui sont généralement contenus dans des amandes de quartz concordantes sur la schistosité régionale dans les carbonates du Cambrien inférieur (le Bouissas : carrière Oulès). Quand les dolomies sont traversées de pointements granitiques (granophyre d’Espérausses, «albitite» de Camp-Gourguy), des minéraux de métamorphisme se développent dans les contacts en association avec des indices de sulfures et de scheelite (Espérausses, le Teil-Haut, la Ferrière-du-Teil);
– des indices d’antimoine (dont l’âge de mise en place, tardif pourrait être stéphanien). Il s’agit de essentiellement de stibine incluse dans une gangue de quartz : carrière Oulès au Bouissas et filon du Feignalot;
– enfin, des minéralisations très tardives (en relation avec la transgression triasique), localisées dans des fractures et des filons, parfois même dans les karsts de masses carbonatées: il s’agit de quartz accompagné de galène et de chalcopyrite (Faydel), de cuivre-gris mercurifère (la Vernède, Verlières). Ces minéralisations se télescopent
fréquemment avec les paragenèses précédentes et donnent alors des sulfosels complexes de plomb et d’antimoine (carrière Oulès au Bouissas).
Aucun de ces indices ne présente aujourd’hui d’intérêt économique; cependant, les occurrences de scheelite d’Espérausses et du Teil soulignent la vocation tungsténifère des alternances argilo-carbonatées du Cambrien inférieur dans toute la région à l’Est du Sidobre (gîte de skarn de Fumade sur la feuille voisine Castres). Arrêtée en 1986 par suite de la chute brutale des cours des métaux, la recherche de telles expressions régionales n’est sûrement pas achevée.
Dans les temps passés, le fer a donné lieu à des exploitations servant à alimenter les anciennes forges à bras d’Empense et de Rieu- frech abandonnées en 1762, et la forge à la catalane de Monségou, qui a remplacé ces dernières.
La plus importante des mines de fer se situait près du hameau de Faydel, à 6km au Nord-Ouest de Lacaune. Elle consistait en deux filons verticaux, parallèles, distants de 20m, ayant chacun 10 à 15m de puissance. Ces filons étaient composés de quartz contenant des oxydes de fer avec un peu de carbonates de cuivre (gœthite, hématite, malachite). L’un était exploité par une galerie de 80m de longueur, le second par une galerie de 120m. La production annuelle était de 300 à 350 tonnes de minerai destinés à la forge de Monségou.
Les autres mines étaient celles du Cayla, de la Boussonès, de Bélair et du Plo de Pinel. Quoique moins importantes que celle de Faydel, elles n’en contenaient pas moins une certaine quantité de minerai.
À la suite de la fermeture au XIXe siècle de la forge de Monségou, les mines de fer de Lacaune ont été complètement délaissées.
SUBSTANCES UTILES, CARRIÈRES
Monts de Lacaune
Les roches volcaniques basiques (métadolérites) sont des matériaux durs qui ont été exploités pour l’empierrement des routes comme à la carrière de Raffanel, actuellement arrêtée.
Les grès du Cambrien inférieur (k1) sont des matériaux destinés à la construction traditionnelle; ils sont fréquemment utilisés par les particuliers pour des usages locaux.
Les calcaires et dolomies massifs du Cambrien inférieur (k2a1) ont été exploités pour la chaux comme en témoignent de nombreux fours abandonnés. À l’heure actuelle, deux carrières de granulats destinés à la viabilité exploitent cette formation dans les environs immédiats de Lacaune.
Les schistes noirs dits «ardoisiers» du Cambrien inférieur (k2b1) sont utilisés, non seulement pour la couverture des toits, mais aussi pour l’isolation extérieure des murs exposés à la pluie (bardage), pour les parements et dallages. Les grandes exploitations ardoisières étaient localisées à proximité de Lacaune. Au début du siècle, on comptait six entreprises d’extraction de l’ardoise. Deux entreprises sont actuellement encore en activité et leur production est en nette régression d’année en année car elles se heurtent à la concurrence des ardoises espagnoles et également aux produits de remplacement en «fibrociment» et «fibro- bitume». Pour rester viables, ces deux entreprises sont devenues im- portatrices d’ardoises espagnoles qu’elles commercialisent.
Zone axiale
Il n’existe actuellement aucune carrière en activité, mais jusqu’à la guerre de 1914 au moins, les habitants de ces régions ont su tirer parti au mieux des ressources locales du sous-sol comme en témoignent de nombreuses petites carrières, parfois temporairement réouvertes :
– chaux: marbres de la Formation des Nages;
– lauzes: «gneiss gris» à débit en dalles de la base (Murat, le Cloutet) et du sommet (Serre de Nages, Cabanart, montagne de Salis, la Planèze) de la Formation de Puech-Plo, base de la Formation de Nages (Devès de Félines);
– matériaux de construction: les gneiss œillés de la série du Somail, les gneiss leptynitiques de la Formation de Murat ont fourni des dalles; les marbres de la Formation de Nages et certaines diorites à grain fin ont été fréquemment travaillés pour faire des encadrements de porte, éviers, abreuvoirs, … ; les granites de Laouzas et du Montalet, les gneiss de Murat ont été utilisés comme moellon pour le gros- œuvre; une vaste carrière située à proximité de la Raviège a fourni les matériaux de construction du barrage;
– sables : les arènes du granite de Laouzas sont exploitées sous le nom de «sabel» pour la fabrication du mortier.