Les troupeaux de bovins acquis par les maquignons partaient à pied direction Béziers

Jean Douarche, que l’on voit ci-dessus, a terminé sa carrière en 1939 dans les plus hauts échelons de la Poste. ili a été enfant dans les années 1880 à Basse-Vergne,et il  raconte que les maquignons recrutaient les enfants pour que dans la traversée de Lacaune, les vaches restent sur la grande route et ne s’égarent pas dans les rues adjacentes :
« Les bêtes, achetées à la foire ou conduites, le dimanche, à la remise désignée par le maquignon, ne pouvaient être transportées dans ces conditions. On les évacuait par la route, en groupements importants. C’était la vedelada (troupeau de veaux), taureaux, vaches, veaux, et moutons défilaient précédés du bouvier. Le maquignon suivait en voiture ( à cheval) ; parfois il quittait son poste pour aller dans une ferme peu éloignée prendre livraison d’une acquisition supplémentaire. Des chiens assuraient la discipline du convoi. Si une bête s’écartait de la route pour aller vagabonder dans les prés, ils la poursuivaient, la mordaient aux jarrets et la ramenaient rapidement à côté des autres prisonniers. S’il y avait un animal susceptible de troubler l’ordre, taureau vicieux ou vache rétive, on l’entravait en attachant ensemble la patte droite avant à la patte gauche arrière avec une corde assez longue pour que la marche normale ne fut pas trop gênée. 
La sortie de la ville du troupeau était toujours laborieuse. Aussi faisait-on appel à l’aide de quelques gamins qui, badine à la main, gardaient les côtés de la route tout en suivant la colonne. Ils allaient jusqu’à La Croix-de-deux-sous, où on leur remettait effectivement dix centimes à titre de récompense. Je me demande si cette coutume n’a pas été la cause de la désignation donnée à la Croix. Les jeunes bouviers, parmi lesquels je me trouvai plusieurs fois, revenaient chez eux, fiers de l’aubaine en empruntant un chemin rocailleux qui réduisait sensiblement la durée du parcours. »
 
Autre fait relevé, en septembre 1920, dans les actes du juge de paix de Murat, alors qu’il y avait une épidémie, les vaches devaient rester cantonnées dans la commune. Le troupeau itinérant ne pouvait qu’être verbalisé au col du Pal (juste avant La Mouline).
Le 17 septembre 1920, Joseph Béziat de Lacaune, Louis Razimbaud de Montégut, Jean Durand de Lacombe sont pris au col du Pal pour conduire 50 à 60 veaux de Léon Valette, le célèbre maquignon de Lacaze. 
Les personnes verbalisées étaient les accompagnateurs du troupeau rémunérés par le maquignon. Le motif de cette condamnation est intéressant, c’est la preuve qu’on descendait encore au Pays-Bas, le bétail à pied, en grand nombre, après la guerre de 1914. 

Le célèbre maquignon Léon Valette conduisant son véhicule.

Avec son frère Antonin, ils exerçaient leur activité à Lacaze.
 
Un autre des frères Valette, Jean, s’était installé à Béziers. Il possédait un terrain et des bâtiments qui se trouvaient en pleine ville, à moins de 500 mètres des allées Paul Riquet. Ils faisaient angle avec la rue de La Brasserie et la rue Fortuné Puel. Il y avait plusieurs étables pour les vaches, quatre pour les veaux, un abreuvoir et deux écuries où se trouvaient notamment deux juments pour les besoins des déplacements. Elles étaient attelées à une jardinière, plus tard à un sulky. Jean réceptionnait les bêtes envoyées par ses frères ou celles qu’il était lui-même allé acheter. Il recevait également des bêtes provenant de nombreux acheteurs répartis dans le Massif Central. Plusieurs races étaient privilégiées : Limousines, Salers, Charolaises et plus au sud des Grises du Gers. Les bovins transitaient dans son établissement dénommé La Villette, avant d’être dirigés vers l’abattoir. Elles pouvaient y séjourner d’un jour à une semaine. Rarement plus. Cette activité a duré jusqu’à la guerre de 1939.

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