Jean-Pierre Carme est un passionné des carillons et de tout ce qui peut être produit grâce à eux :   Cette belle aventure a commencé un jour de 1970, lorsque j’ai rencontré dans la rue François Maffre, musicien et historien, que je connaissais bien, et qui m’a demandé si je ne voulais pas jouer du carillon. Il savait que je gratouillais un peu la guitare et que je jouais de la vielle à roue, tout cela sans aucune culture musicale bien sûr, je n’ai jamais appris à lire la musique…
   Par curiosité, j’ai accepté et il m’a enseigné les premiers rudiments de cet instrument si particulier qu’est un carillon, ensemble de cloches harmonisées doté d’un clavier sur lequel on frappe avec les poings.
       Je me suis rapidement pris au jeu et depuis 50 ans cette année, je suis le titulaire du carillon de Notre-Dame-de-la-Platé à Castres. Il faut savoir que le carillon de cette époque datait de 1847 de même que toute la mécanique qui était dans le même état qu’au XIXe siècle.
      L’intérêt grandissant pour cet instrument m’a amené à rencontrer d’autres carillonneurs français, notamment Jacques Lannoy, maître carillonneur de Douai dans le Nord, qui par ses conseils et son aide amicale m’a permis de faire les démarches nécessaires auprès de la Mairie de Castres afin d’améliorer et agrandir ce petit carillon qui ne comportait alors que 15 cloches. Entre 1976 et 2016 nous sommes ainsi parvenus au magnifique instrument de 34 cloches que l’on peut entendre aujourd’hui.
    Dès 1970, je me suis également intéressé au carillon installé à Notre-Dame-de-la-Drèche, près d’Albi où je continue d’aller jouer régulièrement tous les dimanches après-midi. Cet instrument, de 18 cloches au départ est aujourd’hui riche de 36 cloches et sa musicalité est aussi excellente que celle du carillon castrais.
      En 1999, j’ai découvert le troisième carillon du département dans le petit village de Gaulène, près de Valence-d’Albi qui, depuis, a été restauré et agrandi lui aussi, passant de 11 à 20 cloches.
    Un engouement croissant dans le Midi pour tous nos carillons méridionaux a permis de rassembler tous les carillonneurs et amateurs d’art campanaire pour arriver à la création d’une association régionale, « Carillons en Pays d’Oc » qui couvre tout le sud de la France, des côtes aquitaines à la frontière italienne. Auparavant, j’avais créé une association départementale, « Vie du Carillon en Pays Tarnais » qui permettait au départ de gérer les deux carillon de Castres et de la Drèche, puis à présent celui de Gaulène.
            Dans le même temps, j’ai commencé à visiter les clochers du Tarn et peu à peu m’est venu l’idée de faire le recensement des cloches de notre département, travail de collectage qui n’avait jamais été réalisé. Depuis l’électrification de sonneries de cloches qui a entraiîné la disparition des carillonneurs, plus personne ne monte dans les clochers qui, pour la plupart, sont dans un état lamentable par manque d’entretien.
Nous avons un patrimoine campanaire tout à fait méconnu et, pour pallier à cela, nous éditons des brochures consacrées à chacun des clochers visités.
          Depuis plusieurs années, je travaille avec les Archives départementales à qui je signale toutes les cloches anciennes, antérieures à la Révolution, dont la plupart étaient méconnues. C’est ainsi que j’ai découvert il y a quelques années la cloche la plus ancienne du Tarn qui date de 1496 et se trouve dans le petit village de Saint-Avit. Ce travail a permis de faire inscrire ces cloches anciennes sur la liste des Monuments Historiques, préservant ainsi ces objets rares.
            Avec René Erill, nous avons écumé les Monts de Lacaune en visitant tous les clochers catholiques et protestants afin de faire connaître ce patrimoine exceptionnel. De plus, c’est dans cette région que se trouve la plus forte concentration de cloches anciennes. Avec un autre ami, on est en train de terminer la région de Mazamet et la vallée du Thoré jusqu’à Labastide-Rouairoux. (Anecdote : nous faisions l’étude des cloches de Saint-Amans-Soult trois semaines avant que la foudre ne tombe sur ce clocher, détruisant la flèche de pierre…). En parlant d’anecdotes, il y en a plusieurs que nous ne manquons pas de mentionner dans nos brochures, la plupart amusantes, ce qui attire toujours l’intérêt du lecteur.
            Je dois préciser que je ne suis pas le seul carillonneur tarnais. Depuis maintenant 14 ans, Jérôme Boutié est venu me rejoindre à Castres, ce qui m’a permis de lui transmettre tout ce que j’avais appris de mes prédécesseurs, ainsi les traditions rattachées à ce carillon pourront perdurer dans l’avenir. Ah ! un détail que j’ai oublié : ce carillon de Castres fonctionne sans interruption depuis 1847, je suis le septième carillonneur, Jérôme est le huitième. Il faut également préciser que le carillon de Castres a été le premier à être installé dans le Midi de la France. En effet, le carillon instrument de musique est une tradition des régions du Nord et ce n’est qu’au milieu du XIX° siècle qu’un fondeur toulousain, Louison, a commencé à installer de petits instruments.
            Deux autres carillonneurs viennent également jouer à Castres, Sylvain Héral et Aurélien Léger, un gamin de 11 ans qui apprend.
            A Gaulène, c’est Corinne Salles qui anime le carillon de ce village et nous nous retrouvons tous les dimanches à La Drèche où il n’y pas de carillonneur sur place.
            Voilà en quelques lignes ce que je peux vous dire sur les carillons et les cloches.

En cette période qui précède Noël, chez nous, du 17 au 24 décembre, les cloches sonnaient tous les soirs deux heures après l’Angélus pour annoncer la venue du Messie. Voici un enregistrement de Jean-Pierre Carme. Cette sonnerie s’appelait le Nadalet (petit Noël en occitan)

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