La peste de 1720 était aussi appelée Peste de Marseille, car elle s’est répandue à partir d’un navire provenant du Proche-Orient et qui était contaminé. Des cérémonies marquent cet anniversaire, comme récemment à Saint-Salvi, à Albi.

Cette peste a été confinée en Provence et en Languedoc. Elle a fait de nombreux morts, mais les dégâts n’ont rien eu à voir avec ce qui s’était passé vers 1350. À côté de chez nous, en Aveyron, on était en Guyenne, donc dans une autre province et la frontière avec le Languedoc a été étroitement surveillée.

LA PROTECTION DE LA COMMUNAUTÉ DE MURASSON EN 1720

Cette peste était moins virulente que celle du Moyen Âge, mais des précautions sérieuses pour l’époque furent prises ; il fut veillé sur tous les passagers pouvant venir tant dans le lieu de Murasson, que dans les hameaux environnants et dépendant dans la Communauté. Des hommes furent nommés qui étaient chargés de surveiller tout étranger, s’enquérir s’ils venaient du Gévaudan, donner des certificats de santé, viser les certificats dont devaient être munies toutes les personnes étrangères à la juridiction de Murasson. (Délibération du 24 août 1721).
Comme la propagation se faisait par le Languedoc, le Rouergue a surveillé étroitement la frontière avec nous.
Le marquis de Bonas, gouverneur du Rouergue, maréchal de camp, exigea que 28 soldats du Régiment de Navarre arrivent à Murasson et gardent la frontière d’avec la Languedoc, le long de la route de Haute-Guyenne, depuis La Barraque de Muratel jusqu’à La Roubertarié. Ce ne fut pas sans mal qu’on installa plusieurs barraques sur la frontière aux frais de la municipalité de Murasson.
Les ordres donnés aux soldats étaient très stricts : « S’ils trouvent des voituriers (des transporteurs à dos d’équidés), ils les chasseront dans leur pays. Ils tueront sur le champ les chevaux, mulets, bourriques de quelque prix qu’ils puissent être ; ils feront brûler sur le champ les marchandises. S’ils trouvent des troupeaux, ils tueront sur le champ les bestiaux et ils les feront enterrer à six pieds de terre. Ils auront soin de faire fermer toutes les granges, de manière qu’il n’y ait que le propriétaire qui puisse y entrer ; les avertissant que leurs maisons seront brûlées dans deux jours, si cela n’est pas fait. Ils feront retirer les bergers des cabanes, sinon ils feront brûler. Ils veilleront à ce qu’aucun paysan n’aille en Languedoc et que ceux du Rouergue ne viennent chez eux sous peine de voir leurs maisons rasées. Les consuls feront, tous les soirs, l’appel des paysans pour être instruits de ceux qui vont et de ceux qui viennent, et s’ils apprennent que quelqu’un soit entré en Languedoc, ils en avertiront les commandeurs des postes. Il est défendu aux soldats, sous peine de mort, de rien toucher aux marchandises qu’ils auront confisquées ; il leur est même défendu, sous la même peine, d’aller chercher en Languedoc l’eau dont ils auraient besoin pour s’abreuver. »

LA PESTE DE 1720 VUE DE LA COMMUNAUTÉ DE CABANES ET BARRE

Comme la frontière avec la communauté de Murasson était gardée par l’Armée aux frais de cette communauté, la communauté de Cabanes-et-Barre a eu des dispositions moins lourdes à prendre.
Michel Maldinier a écrit : « Dans sa délibération, en date du 10 novembre 1720, le conseil de communauté convoqué au lieu de Moulin-Mage à la diligence de Jacques Cabanes de Lestiès et de Barthélémy Alengrin de Barre, tous deux consuls modernes, traite des directives données par le Parlement de Toulouse afin de prévenir la contagion. Il s’agit de constituer une commission de santé composée des magistrats du lieu, des consuls, d’un médecin et d’un chirurgien ainsi que deux notables de chaque profession. Cette commission doit nommer des commissaires qui devront s’assurer qu’aucun étranger ne pénètre sur le territoire de la communauté sans être porteur d’un certificat de bonne santé.La commission de santé de Cabanes-et-Barre fut composée des officiers de police du seigneur de Lestiès, des consuls en fonction, des sieurs Tabariès et Rols de Cabanes, Louis Nègre de Lestiès, Jean Blayac et Joseph Cavaillès de La Trivalle, Jacques et Jean Blayac de Lacombe, Alengrin et Pierre Vidal du Moulin-Mage, Jean Roques, Hilaire Abbal, Charles Fontvielle de Barre Paul Cambon et Jean Séguier de Gos ; Jean Alengrin et autre Jean Alengrin de Cantoul.Huit mois plus tard, des mesures complémentaires furent prises et le conseil de communauté, dans sa délibération du 10 août 1721, décida conformément aux ordres donnés par la Sénéchaussée de Carcassonne, d’établir une garde permanente aux points de passage de Barre et de La Trivalle afin d’empêcher qu’aucun étranger non muni d’un certificat de bonne santé, ne pénètre dans les auberges et hôtelleries locales. »

LA MÉMOIRE DE LA PESTE DE 1720 À LACAUNE

Serrure de la porte de La Caune (musée de Rieumontagné)

Devant la menace venue de l’extérieur, Lacaune prit des mesures. Un bureau de santé fut nommé. Il se composa de M. Cariès, docteur médecin, de Jean Cariès, bourgeois, de Cambon, apothicaire, de Pierre Fournier, de Jean Sabatier. Tous avec les consuls prirent des précautions urgentes aux ordres donné par le sieur de Roquelaure, intendant de la province, mais toutes ces précautions ne furent prises qu’autour de la ville de Lacaune, de ses murailles, de ses portes. (Source Jules Lasaires)

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