Le combat de la Mouline. Mercredi 23 aout 1944

Il est 11 heures environ, je surveille le troupeau de vaches de la famille  Caumette au « champ rouge » qui se trouve pile au carrefour de l’ancienne RN 622 (Bédarieux – Toulouse ) avec le chemin du hameau de Falgairolles et de la route qui monte à Ginestet et sur l’Espinouse. Soudain je vois mon père Alix qui fonce sur moi en vélo et me dit : Rentre vite les vaches, une colonne allemande est bloquée sur le pont de mouline ( 1 km) il y a du danger. J’ai 10 ans, je ne réalise pas immédiatement la gravité de la situation, cependant j’active les vaches vers les étables.

En arrivant quelques minutes après au hameau, mon père et mon grand père Cyprien ont pris la décision d’aller cacher les humains et le bétail dans notre bois de «  Proudoumat » distant de 1,5 km environ. Nos sinistres occupants  étrangers  ont  parait il, déja massacré des animaux en France, donc protégeons notre capital. Tous les propriétaires nous imitèrent et nous nous sommes retrouvés tous dans ce même bois. René Farenc et Louis Bouisset, les plus agés, restèrent dans leur maison et eurent la visite de quelques allemands qui fort heureusement, ne les menacèrent pas.

A 13 heures nous étions en place dans ce bois situé au nord de la colline bien connue de la « La serre » au sud se trouvant  La Baraquette.   C’était le calme, mais tout le monde dans ce bois respirait l’angoisse et avait le souffle court.

A 16h00 le combat entre les résistants français ( CFMN ) descendus de Cambon et Salvergues et la colonne allemande bloquée au pont de la Mouline s’engageait. Nous entendions surtout les tirs de mortiers des artilleurs allemands auxquels répondaient les mitrailleuses françaises. Cela dura une bonne heure

Vers 18h00 un très gros orage bien venu écourtera fort heureusement le massacre.

L e combat cessera et après deux bonnes heures d’attente notre détachement, on pourrait dire notre « arche de Noé » fit route vers nos maisons avec la peur au ventre, qu’allions nous trouver ? Nous trouverons le hameau intact mais le lendemain, tous les hommes valides se regroupèrent sur le champ de bataille pour aider à l’établissement du bilan.

Il s’avéra catastrophique : 9 résistants seront relevés, morts sur les champs de « Faoutrou » pour ceux qui connaissent le coin. Ils avaient tous entre 18 ans et 23 ans.

Ma mémoire a définitivement imprimé cette triste journée du 23 aout 44  pour ces 9 jeunes héros de la résistance.

Gérard Caumette.

 

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