Notre région produisait autrefois du maïs. Dans les registres municipaux de Nages, on relève que par lettre du 9 avril 1814, le Sous-Préfet de Castres demande au maire de Nages de lui livrer 49 hectolitres de maïs. Le maire procède à une répartition entre plus de 60 personnes. Par exemple sur le village de Nages, Cabrol de Belaman, Bennac et Bacou doivent livrer chacun un demi hectolitre et Cavaillès dit cardinalou un hectolitre et demi.

L’Empereur a abdiqué le 6 avril 1814. Cette réquisition qui survient après bien d’autres permet d’imaginer le ras-le-bol de nos concitoyens et leur adhésion enthousiaste à la chute de Napoléon, qui sonnait la fin des mobilisations sans fin pour faire la guerre.

Revenons au maïs. La mémoire de ce maïs se serait perdue, si à la ferme de La Capte située près du lac des Saints-Peyres, Henri Bruno n’avait pas remarqué en 1940 deux épis arrivés à maturité sur une parcelle semée pour plantes fourragères. Et pendant sept ans, il réalisa une sélection fondée sur la tolérance au froid. Il donne quelques échantillons au jardinier du château de La Rambergue, où l’agronome Roger de Larembergue découvre pendant les vacances cette curiosité.

Roger de Larembergue travaille à l’INRA sur l’amélioration de l’avoine. Il prélève des échantillons de graines qu’il confie aussitôt à son collègue et ami du laboratoire de Génétique et amélioration des plantes de l’INRA de Versailles, André Cauderon.

Les grains de maïs de la provenance dite « de Lacaune » en référence aux Monts de Lacaune vont être mis en culture au Centre de recherche agronomique de Versailles. A partir de 1951 et jusqu’en 1958, l’objectif de Cauderon de son équipe est de créer des hybrides franco-américains en croisant les lignées américaines avec des lignées françaises (1951). Deux lignées de Lacaune vont être sélectionnées, les célèbres INRA F2 et INRA F7.

À précocité égale, les rendements des populations traditionnelles de maïs restent inférieurs de 30 à 40 % à ceux des hybrides quiproduisent 80 à 90 quintaux par hectare. Les maïsiculteurs ont vite fait leurs comptes en optant pour les maïs hybrides en dépit de la contrainte d’avoir à changer leurs semences tous les ans. L’autoproduction des semences disparaît et devient affaire de spécialistes.

Ainsi le maïs provenance Lacaune n’existe pas sur le marché. L’objet de cette communication est de rappeler son existence autrefois à nos contemporains.

Réf Jacques Fargues in Cahier de Rieumontagné janvier 2014 (Edit CRPR)

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