Nous sommes saisis parfois de demande de renseignements sur les Justes de Lacaune. Or il se trouve que Dominique Calas a publié dans le Cahier de Rieumontagné un article très bien documenté sur le sujet. Nous en publions ici la première partie très explicative.

« Qui sont les Justes ?

Pendant la Seconde guerre mondiale, 6 millions de Juifs furent exterminés. En France 76000  furent déportés. Cependant, les trois-quarts ont survécu avec l’aide d’hommes et de femmes qui n’écoutant que leur conscience, les cachèrent, les protégèrent, les sauvant ainsi de la mort.

L’Etat d’Israël a voulu  rendre hommage à ces personnes qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs  en créant en 1953  le titre de Justes parmi les Nations. Ce titre qui est la plus haute distinction honorifique délivrée par l’Etat d’Israël à des civils est décerné par le mémorial de Yad Vashem (1), crée à Jérusalem en mémoire des victimes juives de la Shoah (2). L’expression Yad Vashem existait déjà dans le judaïsme traditionnel et désignait les êtres humains respectant les sept lois de Noé, commandements permettant, d’après le judaïsme, de faire fonctionner éthiquement les différentes civilisations.

Pour être Juste, il faut avoir apporté une aide dans des situations où les Juifs étaient impuissants et menacés de mort ou de  déportation vers les camps de concentration. Il fallait aussi  que le sauveteur soit conscient qu’il risquait sa vie, sa sécurité et sa liberté personnelle et qu’il n’ait recherché aucune récompense ou compensation matérielle en contrepartie de l’aide apportée.

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                                    La médaille obtenue à titre posthume  par Paul Sers

Pourquoi des Justes à Lacaune ?

Au 1er janvier 2010, 23 226 « Justes parmi les Nations » ont été recensés dans le monde et parmi eux 3158 Justes en France. Il y a eu aussi des hommages collectifs rendus à des villages comme au Chambon sur Lignon. Pour l’ensemble du pays, les pertes juives s’élèvent à 25% alors qu’à Lacaune, elles ont été de 18% .On peut donc penser que dans notre région les Juifs ont été mieux  protégés qu’ailleurs.

De 1942 à 1944 près de 650 Juifs sont assignés à Lacaune. La résidence forcée concerne les personnes qui peuvent subvenir à leur besoin, les autres étant internés. Le préfet de la région de Toulouse écrit au maire de Lacaune le 13 janvier 1942 pour lui signifier que sa cité a été choisie comme centre régional pour recevoir « des individus dont les agissements, l’attitude, la nationalité ou la confession constituent des facteurs de mécontentement ou de malaise dans la population ».

Le 26 août 1942, dans notre petite ville, les GMR (Groupes mobiles de réserve) de la police de Vichy aidés par des gendarmes raflent 90 juifs, dont 22 enfants. Ils sont emmenés au camp de Saint-Sulpice (Tarn), puis à Drancy avant d’être déportés sans retour vers Auschwitz par les convois n° 30, 31 et 33 des 9, 11 et 16 septembre 1942.

Une deuxième rafle le 20 février 1943 entraîne la déportation de 29 hommes. Ils sont conduits au camp de Gurs, puis envoyés à Drancy avant d’être déportés par les convois n° 50 et 51 des 4 et 6 mars 1943 vers Maidanek. Aucune personne n’est revenue de ces deux rafles.

Face à la violence de ces arrestations, des Lacaunais décident de venir en aide aux Juifs.

Pour notre commune, 9 personnes à ce jour ont obtenu le titre de Justes : Albertine et Raoul Bonnafous, Fernande et Raoul Durant-Riols, Louise Fourgassié, Marcelle et Roger Maraval, Marie-Louise Menou et Paul Sers.

Ce sont souvent les enfants ou les petits enfants qui reçoivent le diplôme et la médaille au nom de leurs parents disparus. Sur la médaille est gravée cette phrase extraite du Talmud « Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier ».

Leur nom est gravé sur une plaque  dans l’allée des Justes, situé dans le quartier du Marais à Paris mais aussi sur le mur des Justes des Nations au mémorial Yad Vashem à Jérusalem.

1) Le terme Yad Vashem est tiré de la prophétie du Prophète Isaïe (chapitre 56 verset 5) « Et je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un Mémorial : Yad et un nom : Shem  qui ne seront jamais effacés »

(2) La Shoah (en Hébreu=catastrophe) désigne le génocide juif pendant la deuxième guerre mondiale. »

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