Cette nouveauté nous est racontée par le docteur Victor Rascol de Murat qui écrit ceci au professeur d’agriculture du département du Tarn en décembre 1884. Il est intéressant de noter que le chaulage s’est développé au moment où Paulin de Naurois crée son four à chaux. Il a fait partie des innovateurs sur ce sujet aussi.

« L’histoire du chaulage dans le canton de Murat, remonte à une trentaine d’années environ. À cette époque, les premiers essais furent tentés par quelques propriétaires qui, profitant du bas prix de la houille, purent utiliser les roches calcaires existant sur leur propriété ou dans le voisinage. Chacun eut bientôt son four à chaux pour lui et pour un certain nombre d’associés. » (référence article du docteur Rascol paru dans le cahier de Rieumontagné de juillet 1993)

Pour faire de la chaux, il fallait du calcaire et du charbon. Pour ce qui est du calcaire, à Calmels et à Lacaune, on trouvait des bancs de calcaire. N’oublions pas que La Caune veut dire en occitan la grotte et les grottes nécessitent des bancs de calcaire.

Le charbon était nécessaire pour porter à plus de1 000° les roches calcaires pour que le CO3Ca se décompose en libérant CO2 et en laissant CaO, la chaux.

Pour se fournir en charbon, il faut noter que c’est en 1836 qu’ont été établies deux concessions de mines de houille de Saint-Geniès de Varensal (mine de La Gineste) et de Castanet-le-Haut (mine du bois de la ville). Les mines ont été ouvertes près de la route de la descente de la Croix-de-Mounis. La production de ces deux mines a été de 2000 tonnes annuelles en 1837 (elle a été portée à 11 000 tonnes en 1857). Elle ne représentait que 1% environ de la production de l’ensemble du bassin de Graissessac. Les deux concessions occupaient une dizaine d’ouvriers chacune, sur un total de 172 ouvriers pour l’ensemble du bassin houiller.

Avec la mise en service du pont de La Mouline vers 1840, la grande route était opérationnelle pour le transport avec une charretteet on pouvait porter le charbon jusqu’à Lacaune, . Auparavant, c’était à dos de mulet qu’on transportait le charbon.

C’est pourquoi, les fours à chaux se sont développés suite à l’ouverture des mines voisines et de la création de la route. Et c’est ainsi que dans son rapport sur la carte géologique du Tarn de 1848, l’ingénieur des mines de Boucheporn indique qu’entre 1837 et 1839, où il a fait les relevés, il y avait plusieurs fours à chaux autour du château de Boissezon. Il précise qu’entre Boissezon et Lacaune, les fours à chaux sont en grand nombre autour de Lacaune. Le combustible employé est, en général, la houille de Castanet.

Sur le mode opératoire du chaulage, le docteur Rascol nous dit : « La chaux était déposée en petits tas sur le champ, chaque tas recouvert de terre et arrosé. Au bout d’un temps variable entre quelques jours et un mois, on la répandait aussi uniformément que possible pour la recouvrir avec la semence destinée à cette terre. Quelque fois, la chaux était mêlée avec de la terre et du fumier par couches alternées. Jamais, il n’a été répandu sur les prairies. »

Pour le docteur Rascol, le chaulage a été bénéfique pour le trèfle et pour l’introduction du froment. En revanche pour le seigle et la pomme de terre, il a pu y avoir des déceptions, si on persévérait à trop mettre de chaux.

À Calmels, Paulin de Naurois, soucieux d’élevage a développé les prairies artificielles et a essayé diverses espèces : trèfle, luzerne, fennasse, sainfoin, vesces, etc.

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