Dans une pièce d’un procès intervenu en 1815 pour deux meurtres de gardes forestiers survenus sur le territoire de la commune de Lacaune, on découvre le témoignage d’un chapelier de Lacaune, Louis Bouïsset.
Celui-ci raconte que le jour du crime, il avait reçu un marchand de peaux de lièvres, qui était passé près du lieu du drame. Mais que pouvait bien faire un chapelier avec de telles peaux ?
Jean Delmas, ancien directeur des archives départementales de l’Aveyron m’a donné l’explication : « Les chapeliers récupéraient les poils de lapins pour faire des chapeaux de feutre. Ils récupéraient de la même façon les poils de lièvres pour faire une feutre particulier, le taupé, qui imitait le velours. Que faisait-on de la peau elle-même? Une colle très recherchée en ébénisterie. Rien ne se perdait. »
Nota – Le chapelier Louis Bouïsset a eu un fils célèbre, le colonel Bouïsset, auteur de l’hymne saint-cyrien, La Galette
Il y a belle lurette qu’on ne récupère plus, chez nous, les peaux de lapins. Aline Escande nous montre ici une peau de lapin tendue sur une branche de houx qui adopte une forme ronde sans casser Le tout étant exposé à l’extérieur pour le séchage naturel. Bien sûr, les peaux étaient vendues au pelharòt qui passait en criant : « Pèl de lèbre, pèl de lapin ! ». Aline Escande indique, qu’avant guerre, une peilharia de Gijounet passait à Sagnens en criant ce slogan. Elle donnait un sou (5 centimes de franc) par peau.
Jean-Louis Biget, un Albigeois normalien, spécialiste de l’histoire du Languedoc médiéval indique : « Je suis originaire des campagnes profondes du Poitou et ma grand-mère faisait sécher les peaux de lapin sur une fourche de branches, tout comme vous le montrez. Après quoi, elle les vendait à un marchand qui ramassait également les oeufs et les fromages; il n’y avait pas de pelharot. J’ignore combien ces peaux étaient payées et à quoi elles servaient, mais je me souviens bien que pendant la guerre (la seconde mondiale), on en faisait des manteaux, des descentes de lit et des cols et des bordures de fourrure. »
Francis Amans, un polytechnicien de Saint-Gervais nous dit que « En face de chez mes grands-parents à Saint-Gervais, il y avait un récupérateur de peaux, et je peux te dire que le sèchoir sentait mauvais, car ma chambre était au troisième, pratiquement au-dessus. Mon grand-père vendait aussi les peaux des gros lapins de campagne, que pour cette raison, il préférait attraper au collet, ainsi la peau n’ était pas trouée, (et il économisait la cartouche!). »