Il y a deux variétés principales dans notre montagne : la bruyère Erica et la callune. On trouve bien les deux, effectivement dans les landes sèches de Payrac.

Le mot français bruyère est d’origine gauloise, c’est la même origine que celle de l’occitan bruga.

La bruyère Erica est l’une des multiples espèces de plantes dicotylédones dans la famille des Ericacées qui inclut aussi les myrtilles. La bruyère Erica est une très jolie petite plante qui fleurit chez nous en juillet-août. Cette plante vivace est un arbrisseau qui peut atteindre de 10 à 50cm de haut. Elle pousse sur les sols siliceux sur le versant ensoleillé, côté adrets.

La disparition progressive des landes de bruyère dans nos paysages

On écobuait autrefois tous les deux ou trois ans les landes de bruyères et de ternias et toutes les bêtes raffolaient des pousses au printemps. Nous avons déjà mis sur ce blog une note sur l’écobuage.

Aujourd’hui, avec la rareté de l’écobuage, les landes sèches s’enforestent progressivement, quand ce ne sont pas les plantations de résineux qui les avaient supprimées de façon plus expéditive. Je suis heureux que mon premier acte en entrant au conseil municipal de Nages a été de contribuer à sauver les landes sèches de La Laouzéto et de Tsaquarello.

La disparition des landes sèches à bruyère est également dommageable pour les abeilles car le miel de bruyère est excellent.

L’utilisation médicinale par nos anciens

Marcel Cauquil m’a indiqué que, dans notre région, la bruyère servait à faire des tisanes pour soigner la prostate. Aimé Fourés signale son utilisation contre les calculs et pour les soins de la vessie. 

L’utilisation pour l’ornement

La bruyère servait à faire un bouquet ou à être mise comme plante d’ornement près d’une maison.

Et surtout l’utilisation de la terre de bruyère. Nous connaissons tous, à l’entrée de Cambon dans l’Espinouse, les tas de terre de bruyère. Elle se forme lors de la décomposition des bruyères. Cette terre acide de bas pH est sableuse, donc perméable, riche en humus et en silice. Dans les fermes, on allait chercher ce terreau pour planter les fleurs d’ornement. La terre de bruyère doit recevoir un complément de compost ou de fumier bien décomposé. L’avantage de la terre de bruyère pour les jardiniers est d’amener de l’acidité au sol et d’éviter la chlorose des plantes acides (rhododendrons, camélias, etc.).

L’utilisation pour les animaux

On menait les brebis manger dans les bruyères Erica, en fonction du temps, en particulier les gaudes (vieilles brebis) à l’automne. C’est à cette période qu’il y a une concentration du sucre, ce qui attire les animaux.

La bruyère fauchée avec la ternia servait comme aliment du bétail . Louis Bessière se souvient qu’à Lacaune, on allait faucher de la bruyère mélangée à de la ternia (Genêt poilu, en latin : Genista pilosa), au Plo des Parcs au début du mois de juin. On rentrait ce fourrage pour donner à manger aux bêtes pour l’hiver.

La bruyère pouvait servir aussi pour la litière des animaux, vaches ou brebis. Certains utilisaient les bruyères pour faire la litière des chiens ou des veaux, pour remplacer la paille, mais aussi pour profiter de ses qualités sanitaires.

D’autres utilisations auxquelles on ne pense pas au prime abord

L’utilisation comme balai

A Ornac, avec la bruyère, on faisait des petits balais pour faire tomber les cendres de la cheminée (partie visible du foyer) afin d’éviter de les retrouver dans la marmite.

L’aromatisation de la bière

La bruyère d’Ecosse fait partie de la recette de la bière traditionnelle écossaise Heather Ale, dans laquelle elle joue un rôle d’aromatisation en lieu et place du houblon.

Le bruc pour tasser les raisins

Dans la région de Saint-Chinian, il y a une variété de bruyère très haute, le bruc, que l’on taillait pour obtenir une souche importante. Extraite et taillée, elle servait à faire le bout d’une masse pour tasser le raisin dans les comportes. Dans la région de Laurens, jusque dans les années 1960-1970, des Italiens venaient arracher des racines pour faire des pipes. Ils restaient une quinzaine de jours et les enterraient au fur et à mesure pour qu’elles se conservent mieux.

Francis Vidal indique : « Cette bruyère haute s’appelle la bruyère arborescente. En Ardèche, elle était utilisée pour faire monter les vers à soie avant qu’ils ne se transforment en cocon (chrysalide). »

Les racines ont de belles formes et Bernadette Pons en a une comme presse-papier.

Beaucoup de noms de lieux sont liés à la bruyère Dans le cahier de Rieumontagné N° 46, Bernard Arnal note que, pour la lande à bruyère, les traces toponymiques sont abondantes. L’occitan Bruc a donné au singulier : La Brugue (Barre, Murat), La Broue (Fraïsse), La Broube (Murat), de même que Brusque en Aveyron. On trouve parfois le pluriel: leves des Brugues (Fraïsse), mais surtout le collectif/ Al Brouas, Au Brouas, Broubazal (Murat), Brugas (Moulin-Mage), Murat, Brugasse (Moulin-Mage) et probablement Le Burguet (La Salvetat, Murat où l’origine est prouvée par la forme du XIIe siècle Manso del Brugeth), Labrugayette (Barre), La Broubette (Murat). La localisation de ces landes sur les sommets se trouve fréquemment soulignée: Plo des brus (Castanet), Puech Brugairous et Puech du Brugas (Murat).

A Murat, on trouve aussi Brougo et Brougo de l’Adrets. A Nages, Brugas et Brugassou. Louis Paris signale en outre : les Brougues (les Aires), les Broues (St-Geniès-de-Varensal), le Brugas (Prémian), les Burgassés (Caussiniojouls), la Bruyère (Avène), ruisseau des Bruyères (Bousquet d’Orb). Robert Calas me signale une famille noble de Saint-Pons-de-Thomières, les de Brugairoux.

Sans titre

Categories: Nature

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