Quelques personnes possédaient un furet pour attraper les lapins réfugiés dans les garennes. On plaçait devant chaque issue un petit filet appelé en occitan panthera et les lapins en déguerpissant se prenaient dans un filet. Normalement cette chasse était très fructueuse. Elle semble être aujourd’hui révolue.
Quand une ferme en possédait un furet, il était logé à l’étable et nourri de lait et d’œufs. On en prenait soin et, jusqu’aux années 1920, le marché de Puylaurens était le lieu de rassemblement des vendeurs et acheteurs de furets.
À l’Agast, sur la commune de Mounes-Prohencoux, derrière Barre, un certain Pinpin faisait l’élevage des furets et les vendait. Cette ferme était dans un traoucas, au milieu des bois et évidemment cette activité était clandestine, même si tout le monde était au courant. Pinpin se rendait d’ailleurs à la foire de Camarès pour en écouler.
L’inséminateur Albert Bonnet se rendait à l’Agast où ses filles l’accompagnaient un peu craintives, tant à cause de l’apparence des habitants que de l’obscurité des lieux. Depuis l’étable, on voyait la cuisine à travers le plancher tout troué. Les furets dégageaient évidemment des odeurs peu agréables. Pinpin était tellement pauvre qu’il faisait aussi le commerce des chardons pour des bouquets.
Jean Rouquet de Mounès se souvient qu’un jour, le pharmacien de Camarès lui demanda de porter un médicament à l’Agast, ce qu’il fit évidemment. Arrivé sur place et comme le veut la coutume ancestrale, Pinpin l’invite à boire un coup. Malgré une certaine appréhension, vu l’état pauvre et peu soigné des lieux, refuser serait un affront. Et là, Rouquet avait pris la précaution de faire le choix d’une liqueur et, surprise agréable, Pinpin sortit un petit verre propre et même avec un luxe de précautions, il alla chercher dans l’armoire un linge d’une blancheur immaculée pour mieux le nettoyer. Ouf, tout s’était bien passé. Ce Pinpin, profitant de sa position stratégique pour braconner lièvres, truites et écrevisses recevait des bourgeois désireux de faire un gueuleton avec des produits sauvages. En fait, ce Pinpin, Louis Tissandier, était venu d’Espalion épouser à l’Agast ,Anna Huc.
Quand Albert Bonnet et son frère voulaient se procurer des lapins, ils invitaient Pinpin à venir avec ses furets et ils allaient aux garennes près de Campouriès. Et là, comme ailleurs, lorsque les lapins sentaient l’odeur du furet, ils déguerpissaient et sortaient des garennes comme des boulets de canon. Pour les récupérer, soit on les prenait dans une panthera (ou une bourse) placée devant chaque trou, soit on les abattait d’un coup de fusil. La panthera était un petit filet en forme de poche.
Dans l’ouvrage L’enfant de la Borie, Jean Rouquet (Terre de poche) raconte (p 274 à 277) des aventures survenues avec des furets lors de parties de chasse. En particulier, il décrit ce qui arrivait quand un furet était contrefuré, ce qui veut dire qu’il avait tué devant lui un lapin qui lui bloquait la sortie. Il indique qu‘une fois, avec son père, ils se sont attaqués au rocher et ont fini par dégager sous la neige, au bout d’une semaine un furet transi de froid et ayant perdu dorénavant toute capacité. Jean Rouquet explique aussi comment on faisait ressortir un furet endormi : soit on envoyait un deuxième furet, soit on allumait, près de l’orifice en partie basse, un feu de feuilles et d’herbes, afin que la fumée circulant par tirage naturel indispose le furet appelé Catou.
Claude Rouanet : À Sauyères, pour éviter qu’un mauvais plaisant ne vienne passer la fura (furet) pour braconner des caves privées, on plaçait un poisson salé mort (una arencada) et le furet, qui ne supportait pas le sel, décédait aussitôt. Certains mettaient en place dans la garenne un système de capture, où le furet se trouvait prisonnier. À noter aussi que le furet suçait le sang du lapin et s’endormait aussitôt.
À droite : le filet appelé en occitan panthera. À droite une gibecière