Il s’agit de nettoyer par le feu les landes des arbustes ou des herbes sèches accumulées. Cette technique ancestrale continue encore d’être pratiquée.
Marcel Cauquil de L’Acapte raconte : « On commence par allumer et éteindre une bande tout autour de la zone pour faire un coupe feu. Ensuite on allumait un feu avec des choses qui brûlent bien comme une balle de paille et on s’y prenait à contre vent. C’est-à-dire que si le vent souffle de A vers B, on brûlera à partir de B vers A. La bande A ayant été brûlée en premier, le feu ne pouvait pas sauter cette bande. On avait un bual (balai) fait avec des genêts pour éteindre le feu. »
Dans les bons terrains relativement plats, on maintient l’état de pâturage en passant régulièrement un girobroyeur. La technique de l’écobuage prévaut dans les terrains étendus, pentus et caillouteux. L’écobuage se pratique chez nous en février-mars et on vient de procéder à une telle opération sur les terrains proches de la maison de Payrac.
L’écobuage, en brûlant les fougères riches en potasse, contribue à fertiliser le sol, sauf si le vent ou la pluie ont tout emporté.
Cette technique est incontournable pour laisser des espaces ouverts, sinon rapidement la forêt remplacerait la lande. Cependant cela entraîne quelques inconvénients. Frédéric Puech du service des espaces naturels sensibles du département nous les précise : « Avec le déclin du pastoralisme l’écobuage devient une alternative au maintien des espaces ouverts… cependant cette pratique est très préjudiciable pour le milieu naturel car elle élimine beaucoup d’espèces (orthoptères, larves, chenilles, plantes grasses, callunes ….) au profit d’espèces plus opportunistes, voire colonisatrices telle la fougère aigle, en effet l’écobuage favorise la fougère en lui faisant place nette. Les pratiques ancestrales d’écobuage permettaient de regagner des surfaces que les troupeaux pâtureraient par la suite, évitant la recolonisation des fougères… »
À gauche, parcelle qui vient d’être écobuée. À gauche, au début du printemps, l’herbe pousse ainsi que malheureusement les fougères
L’écobuage désigne aussi une opération menée dans les champs cultivés pour éliminer les racines des mauvaises herbes. Jean Delmas explique :
« Seconde opération pour améliorer un devois : l’écobuage, technique consistant à brûler la couche herbeuse d’un terrain, racines comprises, en constituant des « fourneaux » (occ. : fornèls), des tas de mottes. On disait : fornelar, afornelar. Les cendres obtenues étaient appelées cendradas. Dans Le Cultivateur Aveyronnais, Amans Rodat décrit la pratique : « L’écobuage est une opération agriculturale qui consiste à écorcher le sol gazonné, à enlever par lambeaux plus ou moins grands, plus ou moins épais, le gazon ; à faire sécher ces mottes en les plaçant debout au moyen de la forme mi-circulaire qu’on leur fait prendre, enfin à former avec ces mêmes mottes des fourneaux au centre desquels on place des genêts secs ou autres broussailles qui servent à les soumettre, en y mettant le feu, à une combustion lente et étouffée » (Rodez, 1839 p. 87-90). Quand on pratiquait un labour, l’usage ancestral voulait que l’on étendît les cendres des fourneaux avec la pelle et qu’on les enterrât avec le grain « par un simple trait de l’araire ». Contrairement à l’opinion populaire, les cendres n’ont aucun effet fertilisant, mais, ainsi que le constate A. Rodat, c’est l’action du feu sur la terre et sans doute le nettoyage qui ont un effet bénéfique. »
Robert Calas indique : Les fornèls servaient à brûler « l’agram » après l’avoir amassé grâce à « l’estripator » . La cendre obtenue s’appelait « lo caliu /cariou/ » et était effectivement dispersée en pensant qu’elle était fertilisante.